Voici le premier discours de Laurent Blanc à la tête de l’Equipe de France :

Pour commencer, un constat ou un aveu, comme vous voudrez : je suis heureux et fier d’être là, aujourd’hui, au siège de la Fédération, comme Sélectionneur-Entraîneur de l’Equipe de France.
Pour moi, comme pour beaucoup, j’imagine, joueurs ou techniciens, l’Equipe de France, c’est le top, c’est « à part », c’est au dessus de tout.

Joueur, je l’ai servie avec passion à 97 reprises, elle m’a beaucoup apporté, j’y ai connu des moments forts, très forts. A moi maintenant de lui rendre tout cela, toujours avec passion, mais encore plus d’exigence, de professionnalisme et d’ambition.
Mon attachement à l’Equipe de France est total et fort, personne ne doit en douter.
J’avais l’opportunité, vous le savez, de m’engager ailleurs, mais le « challenge » Equipe de France, avec tous ses symboles et son riche passé, m’a tenté de suite. Même les récents évènements n’ont jamais remis en cause ce sentiment, pas plus que la parole donnée à ceux qui m’ont fait confiance.

Cette ambition dont je parle pour l’Equipe de France, ce n’est pas seulement la mienne ou celle de ceux qui vont faire la route avec moi : l’Equipe de France nous dépasse tous, elle n’appartient à personne et elle est à tout le monde !

Chacun y met ses aspirations, ses convictions, le jeu comme il l’aime, les joueurs qu’il préfère, dans l’émotion, avec passion, sous l’œil des médias. Les médias, j’y reviendrai…

Tout cela pour dire que j’ai profondément conscience de ce que représente l’Equipe de France, de tout ce dont elle est porteuse pour un pays tout entier, et des droits comme des devoirs qui sont liés au maillot bleu.

Respecter et faire respecter l’Equipe de France : à travers ma désignation et ce qu’elle implique de reconnaissance professionnelle et d’exigences éthiques, c’est clairement la mission qui m’a été confiée et que je suis prêt à relever.
Comment ?

D’abord en restant fidèle aux critères et aux valeurs que j’ai toujours mis en avant : l’excellence dans tout ce qui est sportif, terrain, et un état d’esprit irréprochable.
En d’autres termes, ma démarche sera de retenir les meilleurs joueurs, à leur meilleur poste, pour faire la meilleure équipe possible, à charge pour eux de témoigner d’un état d’esprit sans aucune ambiguïté dont les deux maîtres mots seront rigueur et discipline.

Personne ne sera exonéré de ces critères de choix, et l’objectif recherché ne sera pas loin lorsque grâce à eux, à travers ces mots, l’équipe trouvera du plaisir dans le jeu. Rigueur, discipline, plaisir : il n’y a rien d’incompatible là dedans, bien au contraire.

Cela étant dit, je prends l’Equipe de France telle qu’elle est. Je ne peux évidemment pas faire comme s’il ne s’était rien passé en Afrique du Sud. J’ai suivi les évènements avec tristesse, j’ai été déçu par le bilan sportif, j’ai été indigné par certains comportements. J’intégrerai ces éléments dans mon analyse et mes réflexions.
J’ai toujours eu des principes, des règles de comportement et pas seulement dans ma vie sportive. Ils n’ont pas changé et je ne changerai pas.

Vous attendiez peut-être que je communique aujourd’hui la composition de mon staff, mais là les travaux sont en cours, comme l’on dit. Le staff médical et le staff technique ne sont pas encore constitués, mais ils le seront bientôt, avec des hommes nouveaux, qualifiés, compétents, partageant le même enthousiasme, la même motivation que ceux que j’ai déjà appelés.

Je peux simplement confirmer ici, que j’aurai à mes côtés Jean-Louis Gasset, qu’Alain Boghossian restera avec nous, que Marino Faccioli sera le Directeur Administratif de l’Equipe de France et que j’ai fait appel à deux hommes d’expérience pour des secteurs stratégiques : Henri Emile comme coordonnateur sportif et Philippe Tournon comme Chef de Presse.
Les médias, justement, reparlons-en brièvement, mais clairement. En partant, si vous le voulez bien d’un constat : on est dans une époque hyper-médiatique ; avec internet, les radios et les télévisions en continu, souvent en direct, les médias sont de plus en plus présents, de plus en plus exigeants. Dans ce contexte, où les parties de cache-cache de cour d’école n’ont jamais débouché sur rien de positif, je veux avec les médias des relations dépassionnées, des relations professionnelles, mutuellement respectueuses et, si possible, courtoises.

Tirons un trait sur le passé, le passé n’a pas d’avenir, et moi, c’est l’avenir qui m’intéresse.
Comportons-nous en adultes responsables, sans se prendre la tête, dans la sérénité et naturellement, dans un cadre défini, avec des règles concertées. De la sérénité, de l’apaisement, j’en veux aussi dans notre vie au quotidien.
En conséquence, tout en assumant, quand il le faut les nécessités et les contraintes d’une préparation à l’abri de trop nombreuses interférences extérieures, je n’envisage pas une Equipe de France vivant en vase clos, repliée sur elle-même, coupée du monde extérieur.

La priorité sera toujours donnée à la qualité du travail et à de bonnes conditions pour les joueurs, mais cela ne nous interdit nullement de nous ouvrir raisonnablement sur l’extérieur, sans protections abusives, de faire preuve de disponibilité quand c’est le moment, et de garder le sourire. Voilà, il ne reste plus qu’à se mettre au travail car tout va aller très vite : le 11 août, match amical en Norvège, le 3 septembre début des qualifis de l’Euro 2012 devant la Biélorussie.

J’ai, naturellement, pour l’Equipe de France de grandes ambitions sportives, elle a un beau challenge à relever, je l’accompagnerai et la guiderai avec mes principes que vous connaissez. Ce n’est pas parce que je change de maillot que je vais changer de philosophie de jeu !

J’espère mettre en place, avec le temps, une équipe qui ne subira pas, une équipe qui maîtrisera ses matches et imposera sa façon de jouer. Voilà, il faut viser juste et bien pour placer, d’emblée, l’Equipe de France sur de bons rails, ceux du succès, et par le succès, par le visage offert sur le terrain et en dehors du terrain, ranimer une flamme un peu vacillante, restaurer la confiance et la relation affective, à l’intérieur de notre groupe et aussi avec tous ceux qui nous regardent, qui nous attendent et qui espèrent.

Ma détermination est totale, en tout cas, de mener à bien la reconquête, de convaincre de notre volonté farouche d’entreprendre et de réussir, nos supporters, nos partenaires, les médias, notre Fédération – une Fédération que je souhaite forte, avec des dirigeants forts et solidaires- afin que tous, tous sans exception, se retrouvent et se reconnaissent dans l’Equipe de France.

Source fff.fr