À l’instar du cinéma, de la musique ou encore de l’art en général, le jeu vidéo a lui aussi ses ovnis. Ces œuvres tellement particulières et décalées qu’il est difficile de les comparer aux autres et de se faire une réelle opinion tant la compréhension de l’objet en lui-même est floue. The Stanley Parable est un ovni du jeu vidéo.

À l’origine un simple mod d’Half Life 2 utilisant le moteur Source, The Stanley Parable est devenu un jeu à part entière sur PC grâce au système Greenlight de Steam. Depuis sa sortie le 17 octobre dernier, le titre de Galactic Cafe occupe tranquillement le classement des jeux les mieux vendus sur la plateforme malgré son statut de petit jeu indépendant.

La bande annonce de lancement :

Dans The Stanley Parable, vous incarnez à la première personne Stanley (no shit Sherlock), l’employé numéro 427 d’une société mystérieuse où son travail consiste à appuyer sur les boutons qu’on lui demande de presser sur un clavier. Le jeu débute dans le bureau de ce dernier et personne n’est en vue, tout le monde semble avoir disparu. Pour autant, Stanley n’est pas seul puisqu’il est accompagné d’une voix off qui sert de narrateur à l’histoire. Ce narrateur parle non seulement au joueur, mais aussi à Stanley et commente tout ce qu’il fait, doit faire, pense, ou doit penser.

The Game Is A Lie

En effet, et c’est là que repose le gameplay ultra simple du jeu (puisqu’il est impossible de sauter et qu’en dehors de marcher et interagir avec quelques objets, portes et boutons, vous ne ferez pas grand-chose) : le joueur doit faire des choix. Exemple idéal : en début de jeu deux portes ouvertes s’offrent au joueur. Le narrateur déclare que, dans l’histoire qu’il est en train de raconter et de vivre, Stanley prend la porte de gauche. Le joueur peut alors décider de suivre l’instruction ou n’en faire qu’à sa tête et aller à droite. Il s’agit là de l’un des premiers choix du jeu parmi des dizaines.

Alors, mouton ou rebelle ?

Les pièces, dialogues et évènements s’adaptent alors en fonctions des choix opérés par le joueur qui a alors un faux sentiment de liberté, l’un des éléments que le jeu moque le plus. Les choix étant nombreux, les fins possibles le sont tout autant. S’il est possible de terminer le jeu en moins de cinq minutes en choisissant un certain chemin, tout joueur qui se respecte relancera le titre pour faire des choix différents et voir toutes les idées et dialogues absurdes contenus dans l’aventure.

Car oui, au-delà de cet aspect prises de décisions, The Stanley Parable est drôle, très drôle. Le ton et les répliques du narrateur sont excellents, les situations et références directes (très directes, je n’en dirais pas plus) ou indirectes à d’autres jeux sont au top, les éléments cachés ou non dans les différentes pièces font souvent rire et sourire et même les succès à débloquer se payent le luxe d’êtres dans le grand n’importe quoi : « Sortez – Ne pas jouer à The Stanley Parable pendant 5 ans », « Engagement – Jouer à The Stanley Parable pendant la durée entière d’un mardi », « Inachevable – Il est impossible d’avoir ce succès ».

Il n'y a pas que des bureaux, heureusement

Intertitre – Ceci est un intertitre

Tout comme les situations et les relations entre le joueur et le narrateur sont variées (ce dernier sera par exemple vexé si vous ne l’écoutez pas), les environnements arrivent à l’être aussi même si presque tout se déroule en intérieur. Ce qui compense d’ailleurs un moteur graphique vieillot qui n’est évidemment pas la priorité du titre. Le level design et l’ingéniosité des développeurs compensent également cela puisqu’ils semblent avoir pensé à tout ce que les joueurs pourraient tenter pour essayer de battre le narrateur qui finit toujours par faire ce qu’il veut. Ou presque.

The Stanley Parable, avec toutes ses références, ses réflexions et ses moqueries sur les mécaniques des jeux vidéo et d’autres thèmes comme le travail, le recommencement et la liberté, est un titre malin et intelligent qui s’adresse évidemment avant tout aux habitués du média. À noter que le jeu est en anglais sous-titré français mais que la traduction est approximative par moments (morceaux en anglais, fautes, mots manquants…). Il vous faudra quelques heures pour venir à bout de toutes les possibilités et on aimerait évidemment en avoir plus.

Oups

Conclusion

« The Stanley Parable est un jeu d’exploration à la première personne. Vous incarnez Stanley, et vous n’incarnerez pas Stanley. Vous suivrez une histoire, vous ne suivrez pas une histoire. Vous aurez un choix, vous n’aurez pas de choix. Le jeu se terminera, le jeu ne se terminera jamais. » Voilà comment est présenté The Stanley Parable sur Steam. Une présentation qui résume (ou ne résume pas) l’esprit d’un jeu atypique qui, à défaut d’être réellement divertissant, propose autre chose et met à mal les clichés avec humour, talent, et un minimum de gameplay. The Stanley Parable est avant tout une expérience, avec tout ce que cela implique. Vous aimerez The Stanley Parable, vous n’aimerez pas The Stanley Parable.

7/10 À essayer (à ne pas essayer).

The Stanley Parable est disponible sur Steam depuis le 17 octobre aux alentours de 10 euros. À noter qu’il existe également une démo qu’il est conseillé de faire même si vous possédez déjà le jeu. En effet celle-ci est complètement indépendante de l’aventure (ce n’est ni le début ni un extrait) et mérite d’être parcourue autant que le jeu en lui-même.