Scandale chez Airbnb. De plus en plus de squatteurs se font passer pour des locataires et les propriétaires se retrouvent piégés.
Airbnb, plateforme de location entre particuliers lancée en 2008, a profondément transformé la manière de voyager. Cependant, de plus en plus de propriétaires se retrouvent dans des situations délicates.
Airbnb : de nombreux atouts pour se loger
Le principal atout d’Airbnb réside dans la diversité et la flexibilité des hébergements proposés. Que l’on cherche un studio en centre-ville, une maison en bord de mer ou une cabane perchée dans les arbres, l’offre se dit vaste.
Elle est ainsi souvent plus abordable que l’hôtellerie traditionnelle. Cette variété permet aux voyageurs de personnaliser leur expérience selon leurs envies, leur budget et la durée de leur séjour.
L’un des grands avantages d’Airbnb, c’est aussi le confort et l’autonomie qu’offre un logement entier. Avoir une cuisine, un salon ou même un jardin permet de se sentir « comme chez soi » et d’organiser son voyage à son rythme.
Cela séduit particulièrement les familles, les groupes d’amis. Ou aussi les télétravailleurs en quête d’un cadre plus chaleureux et intime qu’une chambre d’hôtel standardisée.
La plateforme mise également sur l’authenticité. En logeant chez l’habitant ou dans un quartier résidentiel, les voyageurs découvrent la ville de l’intérieur, loin des zones touristiques classiques.
Certains hôtes partagent même leurs bonnes adresses ou proposent des expériences locales. Ce qui renforce ainsi le lien humain au cœur du séjour.
Des propriétaires scandalisés
Si cette formule est souvent rentable pour les propriétaires, elle peut aussi virer à l’enfer. Maître Xavier Demeuzoy, avocat spécialisé en droit immobilier, tire la sonnette d’alarme.
« Depuis deux ans, j’ai vu 5 à 6 dossiers où les propriétaires se retrouvent dans des situations kafkaïennes », a-t-il constaté. En cause ? Des locations touristiques qui se transforment en squats.
Le scénario est de plus en plus courant. Des individus réservent un logement pour une courte durée — une ou deux nuits — puis, une fois sur place, refusent de partir.
Ils changent la serrure, installent leurs affaires et se déclarent occupants du logement. Dans les faits, ce sont des squatteurs, mais juridiquement, la situation est bien plus floue.
Contrairement à un squatteur classique, ces occupants ont d’abord pénétré légalement dans le logement. Via une réservation sur une plateforme.
Résultat : la procédure d’expulsion express prévue par la loi anti-squats ne s’applique pas. Les forces de l’ordre, comme les propriétaires, se retrouvent souvent impuissants.
Airbnb : les squatteurs font la loi
Pour récupérer leur bien, les bailleurs doivent engager une procédure judiciaire classique. Elle se dit ainsi comparable à celle d’un locataire indélicat.
Une démarche longue (de six mois à plusieurs années) et coûteuse (plusieurs milliers d’euros). Une propriétaire à Perpignan en a fait les frais.
Pensant avoir loué son appartement à de simples vacanciers, elle reçoit un SMS glaçant. Les locataires annoncent qu’ils ne partiront pas.
La femme se justifie : « J’ai un bébé d’un mois et demi, je suis à la rue depuis sa naissance. Pour son bien, je reste ici ». Elle a changé les serrures et mis le compteur d’électricité à son nom.
Malgré leur détermination, les forces de l’ordre ont réussi à les convaincre de quitter les lieux. Une issue rare, tant ces cas se résolvent habituellement devant les tribunaux, et au prix d’une grande patience.
Bien que ces cas restent très marginaux — selon Me Demeuzoy, ils représenteraient 1 location sur 100.000 — leur impact est considérable pour les propriétaires concernés. L’avocat recommande d’instaurer un contrat de location formel.
Entre le bailleur et le locataire, même pour de courts séjours. Cela permettrait d’agir en référé et d’obtenir une décision de justice plus rapide.
Les conciergeries peuvent d’ailleurs rédiger ces contrats. Il conseille également de scruter les profils des voyageurs, de vérifier leurs avis et de poser des questions sur les raisons de leur séjour.
Et surtout, de ne jamais tenter une expulsion soi-même. En cas de plainte, le propriétaire risque jusqu’à trois ans de prison et 30.000 euros d’amende pour violation de domicile.