Contrôleur aérien vs Pilote : Vous ne foutez rien !

Un violent clash entre des contrôleurs aériens et un pilote a été révélé par Le Figaro hier soir. Un document d’une conversation tendue entre les protagonistes que le journal a mis en ligne. Echange extrait du vol AF 735, en provenance de Ouagadougou qui arrive près de Paris-Charles-de-Gaulle.

– Tour de contrôle 

Vol Air France 735, descendez au niveau 360 et réduisez Mach point 75

– Le pilote

Et pourquoi vous nous pénalisez à ce point-là en laissant passer les avions derrière, Air France 735 ?

– Tour de contrôle

Il n’y a que deux pistes à Roissy.

– Le pilote

Il n’y a que deux pistes et deux contrôleurs, vous ne foutez rien ! On avait rattrapé notre retard, c’est mon dernier vol et je vais partir en retraite de très mauvaise humeur.

– Tour de contrôle

Ça, je n’en ai rien à faire.

– Le pilote

Connard ! Vous êtes des enfoirés, vous travaillez comme des cons.

Un autre pilote a donné son avis sur cette histoire
Lorsque le vol AF 735, en provenance de Ouagadougou, arrive à proximité de Paris-Charles-de-Gaulle, le contrôleur aérien demande à mon collègue de réduire sa vitesse à Mach 75, alors que sur ce type de vol long-courrier, nous arrivons à Mach 82. Le contrôle demande donc de réduire la vitesse de 871 km/h à 800 km/h, soit une baisse de 70 km/h. En règle générale, les vols long-courriers arrivent à une vitesse de croisière plus importante que les autres vols, mais, souvent, les contrôleurs aériens se contentent, grâce à leur logiciel de séquencement Maestro, de mettre les avions en file indienne sans faire passer les plus rapides devant, une situation que le logiciel gère mal.
Le pilote est donc furieux. Mon collègue explique qu’il a rattrapé son retard. Il a dû décoller en retard de Ouagadougou et a passé six heures à optimiser sa trajectoire et sa vitesse pour rattraper 10 ou 15 minutes afin d’arriver à l’heure et d’assurer les correspondances. En lui demandant de ralentir, le contrôleur aérien lui fait perdre le temps qu’il avait regagné. Du coup, notre avion a dû consommer 3 à 4 tonnes de kérosène, du fait de l’accélération, pour rien.
Vol AF 735 insultes pilote controleur
 
Ce genre de comportement pourrait aboutir à une catastrophe, comme celle du vol AP 603

Le 2 octobre 1996, le vol AP 603, un Boeing 757 de la compagnie nationale péruvienne Aéroperu se prépare à décoller en destination de Santiago du Chili. A son bord, 61 passagers et 9 membres d’équipage.
L’avion s’envole à l’heure prévue, tout paraît normal. Mais au bout de quelques secondes de vol, une première alarme se déclenche : les indicateurs d’altitude et de vitesse sont bloqués. D’autres incidents et alarmes s’enchaînent et bientôt, le commandant Eric Schreiber et son copilote ne maîtrisent plus l’appareil.
L’avion essaie de retrouver sa route vers l’aéroport mais le contrôleur aérien reçoit des données erronées en provenance de l’ordinateur de bord et ne peut pas secourir l’équipage. Soudain, l’avertisseur de proximité du sol se déclenche. L’appareil court droit à la catastrophe.
Après 30 minutes de vol, l’avion s’écrase dans l’Océan Pacifique. Tous les passagers et membres de l’équipage périssent dans la tragédie.

L’enquête commence aussitôt. Elle révèle rapidement une erreur humaine à l’origine du crash du Boeing : les prises d’air statique, permettant de mesurer l’altitude, étaient obstruées par un ruban adhésif oublié par l’équipe de maintenance.
Cette tragédie amène également à s’interroger sur le comportement de l’équipage et sur la part de responsabilité des pilotes par rapport à l’informatisation du matériel. En effet, les pilotes doivent parfois oublier les ordinateurs et s’en remettre à leur propre expérience.

 
Source audio Lefigaro