Spéculation et complotisme, une grande majorité des Français y croit. D’après une enquête menée par la fondation Jean-Jaurès et du site Conspiracy Watch, huit Français sur dix pensent que les théories du complot sont loin d’être des simples verbiages.

Théories du complot : qui sont les plus concernées ?

Rudy Reichstadt, fondateur de Conspiracy Watch définit la théorie du complot comme étant « une tendance à attribuer abusivement l’origine d’un événement historique ou d’un fait social à un inavouable complot dont les auteurs présumés – ou ceux à qui il est réputé profiter – conspireraient, dans leur intérêt, à tenir cachée la vérité. »

L’étude menée récemment par sa fondation confirme qu’une grande majorité des Français croient en la réalité des théories du complot. Cette enquête a été menée par la Fondation Jean-Jaurès avec la collaboration du site Conspiracy Watch qui lui est en lien avec l’Ifop. Celle-ci démontre que seuls 21% des Français ne croient pas à une théorie du complot. 25% croient à 5 théories et plus, 9% croient à 4 théories, 13% croient à 3 théories, 14% croient à 2 théories, 18% croient à une théorie. Cette étude a été réalisée en ligne auprès de quelque 1 252 personnes âgées de plus de 18 ans.

Pour en arriver à ces résultats d’étude, l’Ifop a préparé une dizaine de questionnaires portant sur les grandes théories du complot. Dans un premier temps, on demandait aux sondés s’ils avaient déjà entendu parler de l’affirmation ou non. Puis, on demandait leur opinion s’ils y adhèrent ou non et à quel degré ? Les résultats révèlent que les jeunes et les personnes qui ont une appartenance politique prononcée sont les plus influencés par les théories du complot.

Ce que pensent les Français sur les théories du complot

Les théories du complot peuvent concerner des sujets vastes et variés. De la sécurité nationale à la véracité de l’exploration de mars par les Américains en passant par l’idée que la terre soit plate ; chacun y va de sa propre logique. L’étude a alors fait ressortir que :

  • 19% des enquêtés croient toujours (3 ans après les faits) que des zones d’ombres et des manipulations des informations ont eu lieu sur les attentas de Charlie Hebdo. Ces personnes pensent en effet que ces actes n’étaient pas uniquement les œuvres des terroristes islamistes.
  • 55% croient que les industries pharmaceutiques et le Ministère de la Santé cachent des choses sur la nocivité des vaccins obligatoires.
  • 16% ne croient pas que les Américains aient vraiment mis le pied sur la lune.
  • 32% pensent que le virus SIDA a été développé dans un laboratoire puis testé sur des Africains avant sa propagation planétaire.
  • 31% pensent que les groupes terroristes les plus connus, dont Al-Qaida et Daesh, ne sont autres que des marionnettes des services secrets occidentaux.
  • 54% pensent que la CIA a joué un rôle clé dans l’assassinat de JFK.
  • 24% sont d’accord que le « Nouvel Ordre Mondial » existe.
  • 20% des sujets questionnés sont d’avis que les trainées blanches laissées par les avions contiennent des produits chimiques que l’on déverse délibérément dans l’air pour empoisonner la population dans le but de les manipuler.

Les médias perdent la côte

Les avis concernant les médias et les informations qu’ils diffusent sont aussi sans appel. En effet, les enquêtés pensent que la plupart des boîtes médiatiques travaillent dans l’urgence. Ils ne prennent pas suffisamment du recul par rapport à ce qu’ils écrivent, ce qui entraine la publication d’informations déformées voire fausses (30% des enquêtés sont d’avis avec cet énoncé). 9% des enquêtés disent que les médias n’ont pour rôle que de diffuser des propagandes mensongères nécessaires à la perpétuation du « système ». Seuls 25% pensent que les médias font correctement leur travail et qu’ils sont capables de corriger les informations publiées au cas où ils auraient commis des erreurs.

En somme, se douter de la version médiatisée d’un événement n’est pas un phénomène nouveau dans une société qui se nourrit quotidiennement des informations issues de différentes sources. De la version officielle publiée par un journal de renom aux avis des soi-disant citoyens engagés dans les réseaux sociaux, la déformation des informations atteint son paroxysme. Toutefois, Rudy Reichstadt s’inquiète sur le fait que les jeunes soient aussi perméables à ces théories complotistes étant donné qu’ils seront l’avenir du pays.