Cette technique bien ficelée est une énorme arnaque aux plaques d’immatriculation

Des escrocs copient les plaques d'immatriculation sur les photos des annonces en ligne. Cette arnaque à la doublette ne cesse d'augmenter !

Les fraudes liées aux plaques d’immatriculation affectent de nombreux conducteurs en France. Cette arnaque est d’ailleurs en hausse de 61% depuis une dizaine d’années. Ces activités illégales, qui impliquent l’utilisation de la plaque d’un véhicule tiers pour commettre des infractions, peuvent entraîner de graves répercussions, en particulier sur votre assurance automobile.

Non seulement ce type d’arnaque met en péril la sécurité des propriétaires. Mais il complique également leurs interactions avec les compagnies d’assurance. Voici quelques conseils pour repérer ces escroqueries et les étapes à suivre si vous en devenez une victime.

Comment repérer une arnaque aux plaques d’immatriculation ?

Une fraude à la plaque d’immatriculation se produit en général lorsque la plaque de votre véhicule est copiée ou utilisée de manière illégale. Cela peut se manifester de différentes façons. Les escrocs peuvent utiliser des numéros d’immatriculation volés pour équiper des véhicules similaires ou créer de faux documents officiels.

L’un des premiers indicateurs d’une arnaque est la réception d’infractions que vous n’avez pas commises. Ces infractions sont souvent enregistrées par des radars automatiques ou se traduisent par des contraventions envoyées à votre domicile. Si ces amendes concernent des lieux ou des moments où votre véhicule n’était pas à cet endroit, cela peut être le signe d’une usurpation de votre plaque.

Les fraudes peuvent également se manifester par des déclarations d’accidents fictifs ou des demandes de remboursement que votre assurance reçoit. Dans ces cas, les escrocs utilisent des documents falsifiés pour associer votre plaque à un sinistre inventé. Ce qui peut entraîner une hausse injustifiée de votre prime d’assurance automobile.

Une autre méthode courante consiste à vendre des véhicules avec des plaques frauduleuses. Ces ventes se produisent souvent sur des plateformes en ligne peu régulées. Si vous faites l’achat d’un véhicule dont le numéro d’immatriculation ne correspond pas aux documents officiels, vous pourriez être tenu responsable des infractions ou des fraudes antérieures.

Pour vous prémunir contre ces situations, vérifier que la plaque, le numéro de série et la carte grise sont parfaitement concordants avant tout achat ou déclaration est essentiel. Des divergences dans ces documents sont souvent révélatrices d’une arnaque.

Enfin, avoir recours à des services non agréés pour obtenir ou remplacer une plaque comporte des risques. En France, seuls les professionnels agréés par le ministère de l’Intérieur sont habilités à produire des plaques d’immatriculation. Recourir à des prestataires non certifiés peut entraîner l’utilisation de numéros falsifiés.

Plaques à copier identifiées sur les plateformes de vente

Un phénomène récurrent se manifeste souvent de la même façon. Un employé du garage Guillotin automobile à Lisieux explique que :

« Sur les annonces de vente en ligne, que ce soit chez les professionnels ou les particuliers, la plaque d’immatriculation apparaît sur une photo. Les malfaiteurs en profitent pour copier la plaque d’immatriculation publiée en ligne. Certains garages ne font pas attention à ça ».

En effet, il suffit de parcourir quelques annonces sur le site Le Bon Coin pour constater que plusieurs véhicules affichent leur plaque. « Nous, on est vigilant depuis des années. À chaque fois qu’on prend une photo, on installe un cache sur les plaques pour être sûr qu’elle ne soit pas identifiable et recopiée », ajoute le professionnel.

Il est vrai que se procurer une nouvelle plaque d’immatriculation n’a jamais été aussi simple. Que ce soit via un professionnel, un concessionnaire, un garage automobile ou une plateforme en ligne… Il suffit de quelques clics et d’environ vingt euros pour commander une plaque personnalisée avec la combinaison de lettres et de chiffres souhaitée. Cette facilité ouvre donc la porte à des abus, facilitant les usurpations d’identité sur la route.

Cette situation commence à susciter des inquiétudes, y compris au sein de l’Assemblée nationale. Romain Daubié, député MoDem de l’Ain, a présenté une proposition de loi le 11 avril 2023. Elle avait alors le soutien de l’association 40 Millions d’automobilistes. Selon l’élu, la solution est claire ! Il est nécessaire d’exiger la présentation systématique d’une pièce d’identité. Mais aussi de la carte grise lors de la fabrication d’une plaque d’immatriculation.

Comment se protéger contre cette arnaque ?

« Les automobilistes peuvent avant tout limiter les risques en évitant de publier sur les réseaux sociaux des photos où l’on distingue clairement leur plaque d’immatriculation, ou en veillant à la flouter. Cela reste toutefois une précaution relative, car il n’existe malheureusement pas de solution totalement efficace pour se prémunir de l’usurpation », précise Jade Thiefaine, de l’association 40 millions d’automobilistes.

Vous êtes victime d’une usurpation de plaque d’immatriculation ? « La première démarche à effectuer est de déposer une plainte auprès de la police ou de la gendarmerie. Cela permet de faire reconnaître officiellement l’infraction et de protéger l’automobiliste victime. Il faut ensuite contester systématiquement toutes les contraventions reçues en joignant la copie du dépôt de plainte », conseille Jade Thiefaine.

« Enfin, pour éviter de nouvelles infractions, nous conseillons de demander l’attribution d’un nouveau numéro d’immatriculation auprès de l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS). Ces démarches sont indispensables pour que le conducteur ne soit pas tenu responsable d’infractions qu’il n’a pas commises », conclut elle.