Compteur Linky : Enedis met en garde les Français contre les nombreuses tentatives de fraude

Le compteur Linky est un boîtier très performant. Cependant, Enedis met en garde contre les nombreuses tentatives de fraude.

Le compteur Linky, déployé par Enedis à partir de 2015, marque une étape majeure dans la modernisation du réseau électrique français. Cependant, de nombreuses fraudes avérées font barrage.

Compteur Linky : face à la fraude, Enedis veut agir

L’objectif du compteur Linky est de remplacer les anciens compteurs pour faciliter le suivi. Et la gestion de la consommation d’électricité.

Communicant et connecté, il permet une relève automatique des données, sans intervention physique de technicien. Et offre aux foyers un suivi quasi en temps réel de leur consommation via un espace en ligne dédié.

Cela doit encourager une meilleure maîtrise de l’énergie et contribuer aux économies sur la facture. Ces derniers mois, plusieurs abonnés équipés d’un compteur Linky ont reçu un courrier d’Enedis mentionnant un « contrôle du dispositif de comptage ».

Derrière cette formule, le gestionnaire du réseau soupçonne certains clients d’avoir manipulé leur compteur pour réduire artificiellement leurs factures. Comme le révèle l’UFC-Que Choisir, des usagers honnêtes sont parfois pris pour cible par erreur.

Ils sont ainsi victimes de diagnostics erronés. Enedis face à la flambée des fraudes Linky Depuis 2022, les fraudes liées au compteur connecté se multiplient.

Sur internet, des escrocs proposent ouvertement, pour quelques centaines d’euros, d’installer un dispositif permettant de détourner une partie de l’électricité consommée. Grâce à la technique dite du « shunt ».

Un phénomène qui prend de l’ampleur

Enedis estime que 100 000 compteurs auraient été piratés en trois ans. Ce qui cause donc un manque à gagner de plusieurs centaines de millions d’euros.

Un préjudice qui, rappelle Bertrand Boutteau, directeur du programme Pertes et fraude, « est supporté par les non-fraudeurs via le Turpe, payé par tous les usagers du réseau ». Pour enrayer ces détournements, Enedis a nettement renforcé ses contrôles.

« Nous atteindrons 30 000 contrôles cette année, contre 12 000 l’an passé », précise Bertrand Boutteau. Le gestionnaire ne se limite plus aux cas de fraude « avérée », mais s’attaque aussi aux situations jugées « probables » ou « quasi-certaines ».

Cela élargit ainsi son spectre d’action. Cette traque accrue entraîne toutefois des dérapages, car à Condé-sur-Vire, Sylvain, retraité de 64 ans, en a fait l’amère expérience.

Le 15 avril, il reçoit un courrier l’accusant de fraude en raison d’une consommation « anormalement basse ». Pourtant, sa maison était inoccupée entre 2021 et 2023, après le décès de sa mère.

Lors d’un contrôle le 6 juin, un technicien d’Enedis confirme l’absence de fraude, les scellés du compteur étant intacts. Sylvain pense l’affaire close. Mais, quelques jours plus tard, nouvelle surprise : Enedis maintient son accusation et lui réclame plus de 1 500 euros.

Compteur Linky : face à la fraude, Enedis veut agir

L’UFC-Que Choisir rapporte d’autres cas similaires. Jacky Hébert, président de l’antenne de la Manche, affirme avoir reçu début juillet « trois dossiers d’accusations invraisemblables », et il dénonce des courriers à sens unique.

Où la charge de la preuve repose sur l’abonné. Même mésaventure pour Odile, 76 ans, près de Saint-Lô, car sa consommation a baissé depuis mai 2024, tout simplement parce qu’elle n’a pas rallumé sa pompe à chaleur à l’automne.

Cela ne l’a pas empêchée de recevoir une lettre la menaçant de poursuites. Plus insolite encore, le cas de Marie-Isabelle et Hervé, dans l’Eure : accusés d’avoir fraudé en mai 2023, ils rappellent qu’à cette date, ce sont… des agents d’Enedis qui étaient intervenus sur leur compteur.

Et ce, sans pouvoir remettre de scellés faute de matériel. Le médiateur de l’énergie confirme la tendance : les litiges liés aux accusations de fraude au compteur ont doublé en un an, passant de moins de 100 en 2024 à près de 200 en 2025.

Alors que l’année n’est pas terminée. Dans la plupart des cas, les soupçons sont bel et bien fondés, mais pour les usagers faussement accusés, l’expérience reste particulièrement traumatisante.