Près de 200 pages de conversations entre Mohamed Merah et la police on été publié hier dans Libération. Voici quelques extraits :

Négociateur DCRI :
Et maintenant ? Comment tu te sens ?

Mohamed Merah :
Ah, je me sens d’une certaine façon où heu, voilà, tout ce qui est première fois pour un homme dans sa vie, c’est éprouvant, j’ai pas l’habitude de faire ça. Hamdullah, je me sens bien t’as vu, j’ai le cœur apaisé. Je suis fier de moi et je demande à ce qu’Allah soit fier de moi, et qu’il accepte ces bonnes actions, tu vois. Et je ne regrette absolument rien, t’as vu. Je préfère que ça se passe comme ça, que je puisse négocier avec vous, plutôt que je sois arrêté sans pouvoir riposter, je veux dire. Hamdullah tu vois, j’accepte le décret d’Allah. Et… heu… et je m’en remets à lui et… voilà hein. Tel est le… C’est mektoub. Allah avant même de me créer, il savait que le Raid allait venir chez moi comme ça. Voilà moi je fais les causes, Allah il fait le reste.

DCRI :
Et, après l’opération d’aujourd’hui là, qui a ca-
poté avec le militaire, est-ce
que tu envisageais de, est-ce
que tu as déjà planifié d’au-
tres actions ou est ce que
c’était comme ça, fortuitement, voilà. Comment tu planifiais tes actions à venir ?

M.M. :
T’as vu j’avais plusieurs personnes dont je savais où ils habitaient, je comptais opérer chez eux, t’as vu. Et à partir de là je savais que ça allait être vraiment chaud pour moi, que y allait avoir des barrages, tout ça. Et à ce moment-là, dès que j’aurais fait toutes ces opérations, j’aurais tout fait au culot. Je serais rentré dans les commissariats,
j’aurais abattu le policier qui est l’accueil, j’aurais abattu des gens dans la rue, des gendarmes qui circulent en voiture, au feu rouge, j’aurais mis un guet-apens. J’allais faire tout au hasard et heu, sans aucune préparation. C’està-dire que j’aurais roulé dès que j’aurais vu, heu… Je me serais même posté à un point stratégique et dès que j’aurais vu un ennemi passer, ben je serais allé l’abattre. Après, les coups que j’avais, ils avaient aucune préparation.

DCRI:
Mais ça, tout ça, ces actions, c’est toi qui les a, on va dire, fomentées personnellement ou est ce qu’on te les a suggérées ? Je parle des frères, là.

M.M. :
Ecoute, au début, les frères, ils m’ont dit, ils m’ont dit de tuer. Un frère, il m’avait dit quoi, un frère qui heu, qui était d’origine arabe, il m’a dit de tuer tout, tout ce qui, tout ce qui est civil et mécréant, tout : les gays, les homosexuels, heu, ceux qui s’embrassent publiquement. Il m’a dit de les abattre,

t’as vu. Et heu… et au début, bon, moi j’étais pas sûr, en parlant avec lui, il m’a apporté des avis tout ça. Mais moi, j’avais un message à faire passer. Heu… Le message, je sais que… islamiquement j’ai le droit de, de, de… de tuer des civils comme ça. Et voilà t’as vu. Allah, il dit quoi dans le Coran ? «Combattez-les comme ils vous combattent.» Vous tuez nos civils au hasard, et ben nous, on tue vos civils. Vous tuez nos enfants, on tue vos enfants. J’aurais jamais tué des enfants si vous aurez… si vous aurez pas tué nos enfants. J’ai tué des enfants juifs, parce que mes petites sœurs, mes petits frères musulmans se font tuer. Donc heu, heu. Donc moi je savais qu’en tuant que des militaires, des juifs, tout ça, le message passerait mieux. Parce que si j’aurais tué des civils, la population française aurait dit que, heu voilà, c’est un fou d’Al-Qaeda, c’est juste un terroriste, il tue des civils. Même si j’ai le droit, mais le message, il est différent. Là j’ai tué des militaires et des juifs. Les juifs, ils tuent en Palestine. Les militaires, ils
sont engagés en Afghanistan. Ils peuvent rien dire, c’est de la défense. Je tue les militaires en France parce qu’en Afghanistan, ils tuent mes frères. Je tue des juifs en France, parce que ces mêmes juifs-là… heu tuent des innocents en Palestine. Donc voilà, c’est… J’avais un but précis. Dans mes choix de victimes.

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