Si on savait que le jeu GTA est entrée dans l'histoire des jeux vidéos, on savait moins qu'il l'est aussi dans les cahiers d'histoire...
GTA 6 n’est même pas encore sortie que les passions autour du prochain opus se déchaînent. Dernièrement, un professeur d’histoire aux États-Unis a confié qu’il avait enseigné le jeu à ses élèves.
GTA : le jeu au cœur d’un cours d’histoire
Dans un monde parallèle, GTA 6, le très attendu nouvel opus de Rockstar Games, aurait ainsi dû débarquer dans les prochaines semaines. Mais depuis l’annonce, le 2 mai dernier, de son report, il faudra patienter jusqu’au 26 mai 2026. Dans le meilleur des cas.
Quant aux fans, qui attendent le titre depuis déjà douze ans, la frustration est immense. Parmi eux, un certain professeur Olsson attire particulièrement l’attention. GTA au cœur d’un cours d’histoire inédit.
Passionné de jeux vidéo et enseignant à l’Université du Tennessee, le professeur Olsson s’était déjà fait remarquer en 2024 en utilisant Red Dead Redemption comme support de cours d’histoire. Il comptait réitérer l’expérience cette année avec GTA 6.
Le retard du jeu bouleverse ses plans, mais ne les annule pas. Dès janvier 2026, ses étudiants suivront les tout premiers cours universitaires d’histoire fondés sur la saga Grand Theft Auto – une première mondiale.
Le programme conçu par l’enseignant s’intitule : « Grand Theft America : l’histoire des États-Unis depuis 1980 à travers les jeux vidéo GTA ». L’objectif est clair : analyser la représentation de l’Amérique contemporaine dans la licence, ses qualités comme ses limites.
« Imaginez combien de vétérans de GTA ont reconnu des monuments de Los Angeles et de New York grâce à leurs heures passées à Los Santos et Liberty City ! Dans mon cours, je prends au sérieux la représentation fictive des États-Unis dans GTA », explique-t-il.
Le jeu vidéo de Rockstar étudié sur les bancs de l’école
Et d’ajouter : « j’utilise cet univers comme cadre pour un cours d’histoire sérieux. Il examine ce qui s’est réellement passé aux États-Unis au cours du dernier demi-siècle ». La saga couvre en effet près de cinquante ans d’histoire américaine.
Les années 80 avec Vice City Stories (1984) et Vice City (1986), les années 90 avec San Andreas (1992). Le tournant des années 2000 avec Liberty City Stories et GTA III, puis les années 2010 et 2020 avec GTA IV, GTA V et bientôt GTA VI.
« Je crois sincèrement que les années 1980 à aujourd’hui marquent une époque distincte et cohérente de l’histoire américaine. Si nous voulons comprendre les États-Unis divisés et inégaux d’aujourd’hui, nous devons nous pencher sur ce qui s’est passé à cette époque », développe-t-il.
Ce dernier rappelle ainsi l’évolution du paysage médiatique, des inégalités salariales et ainsi de la démographie. Autant de thèmes au cœur de son enseignement.
Le professeur comprend ainsi l’ironie des jeux et compte en tirer parti pour susciter le débat. « Chaque jeu GTA dépeint une Amérique ravagée par la violence et la criminalité. C’est assez ironique, sachant que les homicides et les vols de voitures, par exemple, ont chuté de façon spectaculaire du début des années 90 jusqu’à la pandémie », note-t-il.
« Les jeux imaginent une Amérique largement dépourvue de banlieues et de circulation. (…) Ils présentent une société où la plupart des femmes semblent trouver leur principal emploi dans le commerce du sexe. Et où les personnes de couleur sont souvent membres de gangs. »
GTA : jouer sur les caricatures pour faire passer des messages
Derrière cette caricature, Olsson voit pourtant un matériau précieux. Il cite par exemple les ports à conteneurs ou les stations de radio du jeu comme des reflets pertinents de l’évolution économique et médiatique des États-Unis après 1980.
« Los Santos, Liberty City et Vice City abritent chacune des ports à conteneurs animés, ce que 5 appelle l’orifice du capitalisme américain ». Aucune technologie n’a sans doute autant transformé l’Amérique d’après 1980 que le conteneur maritime », dit-il.
Au-delà des décors, ce sont ainsi aussi les scénarios des jeux qui nourriront les cours. L’exemple le plus fort reste ainsi sans doute San Andreas. Avec son évocation à peine voilée des émeutes de Los Angeles de 1992.
« Los Santos va brûler ce soir », déclare un présentateur du jeu. L’enseignant compte s’en servir pour analyser le contexte – immigration, maintien de l’ordre, drogue, politiques publiques. Et montrer comment GTA effleure des réalités de l’histoire des USA.
« Quant au manque de sérieux propre à GTA, j’y ai donc suffisamment joué pour me familiariser avec son humour cynique, irrévérencieux et cru. Parfois, c’est amusant ; souvent, non. Dans ma classe, j’évite les satires les plus odieuses du jeu » annonce-t-il.
Et d’ajouter : « Je ne célèbre ni ne cautionne donc en aucun cas ce carnage numérique. En effet, le message principal de mon cours est profondément anti-violent, révélant l’humanité et les aspirations communes de tous les Américains. »