Se parler à soi-même est une habitude courante. Pourtant, elle est souvent une source de honte, car elle est considérée comme bizarre. 

Contrairement aux idées reçues, l’autoconversation permet de développer des qualités utiles et exceptionnelles.

Faire face à ses angoisses

Selon la psychothérapeute Cécile Bouvet-Jacques, se parler à soi-même permet de « se rassurer, contrôler ses angoisses, prendre conscience de ses propres pensées et les structurer ». En effet, pour les personnes qui ont vécu des événements particulièrement tragiques, l’autoconversation peut les aider à s’exprimer à voix haute sur leurs sentiments et leurs hantises. Ainsi, elles pourront « s’approprier leur propre histoire, leur souffrance ».

Se parler à soi-même se diffère du mécanisme du journal intime. Alors que l’écriture nécessite de la réflexion, parler à voix haute est un acte spontané et instinctif. Il traduit la pensée de façon brute, sans fioritures. De plus, un journal intime pourrait tomber entre d’autres mains, et révéler ce qu’on n’oserait avouer au grand jour.

Améliorer ses compétences

Se parler à soi-même permet une bonne mémorisation. On se souvient tous avoir appris nos leçons en les répétant inlassablement, ou avoir retrouvé un objet en se demandant à voix haute où il pouvait se trouver. Gary Lupyan, chercheur et professeur à l’université du Wisconsin-Madison a tenté une expérience avec des collègues. Il leur a demandé d’identifier différents objets parmi de nombreuses photos. Étonnamment, les sujets qui prononçaient le nom de l’objet recherché à voix haute trouvait sa photo plus rapidement.

Une autre étude menée sur des joueurs de basket, publiée dans Procedia-Social and Behavioral Sciences, a démontré que ceux qui se conseillaient à voix haute avait des capacités de concentration et de stratégie plus élevées. En effet, parler tout seul donne lieu à l’élaboration de plusieurs scénarios et fait courir son imagination. On utilise également la même technique lorsqu’on effectue une tâche manuelle nécessitant une réflexion poussée.

Se motiver

Ethan Kroos, un professeur de psychologie de l’université du Michigan a remarqué qu’un grand nombre de ses patients se parlaient à la deuxième et la troisième personne du singulier. Le « Je peux le faire » avait laissé place à « Tu peux le faire » ou « Il peut le faire. » Cette prise de distance vis-à-vis de soi-même assure de garder de l’objectivité face aux différentes situations. En effet, on est souvent plus enclin à conseiller nos amis que nous-mêmes. S’auto-parler permet de se détacher de l’image idéale que l’on a de soi, pour s’apprécier quel que soit notre degré émotionnel.