L'association UFC-Que Choisir a annoncé, mardi 3 juin, vouloir intenter une action en justice contre la célèbre marque de cette boisson gazeuse.
L’association de consommateurs, UFC-Que Choisir, dénonce de manière forte les actes de tromperie, de fraude, de falsification, ainsi que les négligences, erreurs ou défaillances, en visant particulièrement les autorités de contrôle et les responsables politiques, incluant certains ministres. Et ces critiques sont loin d’épargner Nestlé Waters ! L’association s’engage dans une démarche judiciaire afin de faire la lumière sur les responsabilités de chaque partie dans cette affaire.
« C’est une tromperie du consommateur » : l’UFC-Que Choisir demande, en effet, l’interdiction de vente et dépose plainte contre Nestlé et plusieurs ministres dans le cadre des scandales de la boisson gazeuse, Perrier.
L’UFC-Que Choisir sollicite d’urgence l’intervention judiciaire pour faire retirer l’eau gazeuse du marché
Malgré les révélations choquantes qui ont fusé récemment, aucune mesure n’a vu le jour pour protéger rapidement les intérêts des consommateurs face au géant Nestlé. Dans ce contexte, l’UFC-Que Choisir intervient, d’une part, pour agir contre la boisson gazeuse Perrier. Et, d’autre part, pour que la justice examine l’ensemble des responsabilités impliquées.
Suite au rapport de la commission sénatoriale et en raison de la gravité de certaines pratiques, l’association a donc décidé d’engager trois procédures judiciaires.
« Les éléments récemment révélés au grand public démontrent que les consommateurs sont, depuis des années, les victimes d’une vaste tromperie qui perdure encore aujourd’hui. Les eaux Perrier étiquetées comme ‘eaux minérales naturelles’ ne sont pas naturelles. Nestlé a eu recours, et continue de recourir à ce jour, à des traitements illicites pour cette catégorie d’eau ».
s’insurge Magali Buttard, responsable du service juridique – UFC-Que Choisir.
Selon un rapport que la Commission d’enquête du Sénat a publié le 14 mai dernier, que l’UFC-Que Choisir a relayé, le bénéfice que Nestlé aurait tiré au détriment des consommateurs à cause du scandale autour de ses eaux minérales « naturelles », Perrier inclus, pourrait dépasser les 3 milliards d’euros sur une période de 15 ans.
À titre de comparaison, une eau minérale naturelle se vend en moyenne 200 fois plus cher que l’eau du robinet !
Une question de sécurité sanitaire
Ce qui est encore plus préoccupant, c’est que la sécurité sanitaire des eaux minérales « naturelles » Perrier en vente sur le marché pourrait ne pas être assurée. En effet, le groupe Nestlé continue d’appliquer à ces eaux une microfiltration à 0,2 micron, selon une lui-même. Et ce, afin de les rendre « propres à la consommation ». Or, ce procédé, que la loi n’autorise même pas, pourrait donner une fausse impression de sécurité quant à la qualité de chacune des références de cette eau gazeuse.
Face à la gravité extrême de ces constatations et en raison de l’immobilisme persistant des autorités publiques concernant cet enjeu industriel, qui ne doit en aucun cas compromettre les intérêts économiques ou la santé des consommateurs, l’UFC-Que Choisir est en droit d’intervenir en urgence. Elle a donc saisi le Président du Tribunal judiciaire de Nanterre afin d’obtenir des mesures provisoires :
- Le retrait du marché et le rappel des produits en question.
- L’interdiction de les vendre.
- La cessation des pratiques trompeuses relatives à ces eaux Perrier (boisson gazeuse), qui s’affichent comme étant « minérales naturelles ».
L’audience devrait se tenir début du mois de juillet.
Deux autres plaintes de l’UFC-Que Choisir
« Soyons clairs ! L’UFC-Que Choisir demande instamment à la Justice de faire toute la lumière sur l’ensemble des volets de ce scandale. À cette fin, et tout en rappelant que les opérateurs économiques et personnes visés sont présumés innocents, l’Association a déposé deux plaintes. L’une, auprès du Procureur de la République de Nanterre. Et l’autre, devant la Cour de Justice de la République
La plainte de l’UFC-Que Choisir auprès du Procureur de la République de Nanterre vise Nestlé Waters ainsi que ses dirigeants. La plainte concerne des pratiques commerciales trompeuses, des falsifications et des tromperies aggravées. Elle implique aussi le lobbyiste de Nestlé. Mais aussi certains membres de cabinets ministériels qui ont soutenu Perrier, et l’ARS Occitanie, pour examiner l’éventuelle complicité de tous. Enfin, une autre partie est visée, désignée par X, pour des soupçons de corruption et de trafic d’influence.
La seconde plainte de l’UFC-Que Choisir est devant la Cour de Justice de la République. La seule compétente pour juger les délits que des membres du gouvernement en fonction commettent. Elle vise à analyser le rôle de l’État et du pouvoir exécutif. Les personnes en question sont :
- Madame Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Industrie (juillet 2020 – mai 2022)
- Monsieur Roland Lescure, ministre délégué à l’Industrie et à l’Énergie (juillet 2022 – septembre 2024)
- Monsieur Aurélien Rousseau, ministre de la Santé (juillet 2023 – décembre 2023)
- Madame Agnès Firmin-le-Bodo, ministre déléguée à l’Organisation territoriale et aux Professions de santé (juillet 2022 – décembre 2023). Puis ministre de la Santé et de la Prévention (décembre 2023 – janvier 2024).
Source : UFC-Que Choisir