Ces dernières années, on a assisté à l’augmentation croissante des spectacles de drag-queens. C’est même devenu une forme d’art très populaire.

Cette popularité est entretenue par des émissions de divertissement comme RuPaul’s Drag Race, qui contribuent à faire connaître à un large public cet art subversif. Pourtant, il semble que certains pans de la société ne soient toujours pas encore prêts à accepter cette culture dénuée de censure et de tabous.

La mésaventure qui est arrivée à Lewis Bailey, un adolescent de 14 ans étudiant au Dudley’s Castle High School and Visual Arts College, prouve encore la stigmatisation dont ces personnages fantasmagoriques aux costumes flamboyants font l’objet. En effet, sa récente demande pour se produire sur scène habillé en drag-queen, pour un spectacle de talents de l’école, a été rejetée.

La raison ? Apparemment, ce serait « illégal ».

Se confiant, Bailey a expliqué le refus officiel :

« Ils prétendent que c’est parce que c’est illégal – mais je pense que la vraie raison est qu’ils ne m’acceptent pas pour ce que je suis.

J’ai le cœur brisé et confus. Après tous les efforts que j’y ai mis, cela a beaucoup ébranlé ma confiance. Quand je suis en drag-queen, je sens que je suis vraiment moi-même. »

Un avis que partage pleinement Michelle, la maman de Bailey. Elle pense évidemment que le refus de l’école est motivé par la crainte de cette dernière d’offenser les parents d’élèves. Bien sûr, il semble qu’il n’y ait pas de loi officielle interdisant aux mineurs de se travestir. Toutefois, ce n’est pas la première fois qu’on interdit à des garçons de se vêtir en femme.

On se souvient de Jamie Campbell, un adolescent de 16 ans qui a été banni du bal de fin d’année de son lycée, car il y était venu avec une perruque blonde, une robe et des talons hauts. L’histoire a eu un tel retentissement qu’elle va devenir une pièce de théâtre.

Toutefois, l’histoire de Jamie Campbell n’a pas réussi à éradiquer entièrement les préjugés sociétaux. On note que la directrice de Dudley’s Castle High School and Visual Arts College, Michelle King, ne fait pas mention de la loi pour expliquer sa décision. Elle souligne plutôt l’aspect « torride » du spectacle.

« Nous avons compris que Lewis voulait faire un show dans le style de RuPaul, dont les performances sont caractérisées par un langage fort et des insinuations sexuelles.

Cette décision a été prise un jour avant la date du spectacle, lorsque toute la nature de la représentation été connue. Nous respectons la longue tradition de l’imitation féminine au théâtre, cependant, apparaître en drag queen va trop loin. »

Un raisonnement que réfute la maman de Bailey, qui précise qu’elle a suivi de près les répétitions du spectacle de son fils, et qu’il n’y a rien de déplacé.

La réaction discutable de l’école a pour mérite de mettre en évidence les malentendus très courants sur les drag-queens. Si, initialement, cela désignait un garçon habillé en fille, son sens s’est depuis élargi pour se référer à une forme d’art qui perturbe délibérément les normes sexospécifiques.

De plus, une nouvelle vague d’artistes – dont beaucoup s’identifient comme trans ou non binaires – dissipe le mythe suranné selon lequel la drag-queen est synonyme d’usurpation d’identité féminine. Des événements comme « Drag Queen Storytime », conçus pour éradiquer l’idée que cette forme d’art est intrinsèquement inappropriée pour les enfants, gagnent également en popularité.

Leur but est d’enseigner aux plus jeunes à être plus inclusifs et à accepter l’histoire la communauté LGBT+. Car des idées comme celles de Bailey ne sont après tout que l’expression d’une créativité qui doit être encouragée, et non étouffée.