En 2016, il apparaît compliqué de ne pas avoir entendu parler de l’appropriation culturelle. Et c’est encore cette problématique qui revient sur le tapis, avec un costume proposé par Disney : celui de Maui, un personnage du dessin animé Vaiana : Le légende du Bout du Monde.

maui-deguisement

Il n’est pas encore sorti sur les écrans que ce film d’animation made in Disney pose plusieurs problèmes. D’abord, ça a été le surpoids de Maui qui a été visé, avec de nombreuses critiques qui ont été formulées sur les stéréotypes que véhicule ce type d’image.

A titre d’exemple, le joueur de rugby Eliota Fuimano-Sapolu a écrit sur son compte Twitter :

« Trois des hommes les plus sexys d’Hollywood sont polynésiens mais pour Disney, le Maui polynésien est mi-cochon, mi-hippopotame » et de préciser sur Facebook : « Il ressemble à quelqu’un qui aurait pêché tous les poissons du Pacifique, les aurait frits et les aurait mangés »

Will Ilolahia, membre de l’Association des médias des îles du Pacifique a quant a lui déclaré sur la radio Waata News que : « La description de Maui, obèse, est un stéréotype typiquement américain. L’obésité est un phénomène nouveau dû à la surconsommation mondiale« .

vaiana

Aujourd’hui, c’est un autre cas de figure qui semble poser problème avec un costume, proposé par Disney, de ce même personnage.

Or, pour certains Maoris, cette tenue ne passe pas du tout : « brownface« , il semblerait inciter les gens à se colorer la peau, à se déguiser avec une couleur sur laquelle il apparait compliqué de tabler sur le jeu ou le pastiche. Rire sur la couleur d’une peau d’une population opprimée n’amuse pas du tout la coprésidente du parti maori néo-zélandais, Marama Fox, qui pointe du doigt Disney en précisant que la société cherche à « faire de l’argent sur le dos des croyances et de l’histoire d’une autre culture . »
La commission néo-zélandaise de défense des droits de l’homme de rajouter : « Les Polynésiens de tout le Pacifique font entendre leurs voix à propos de ce costume et il faut les écouter. »

Ce n’est pas à proprement parler le projet de faire un costume de Maui qui pose un problème, les Maoris qui se sont exprimés sur la question indiquent que la ceinture de feuilles, le collier auraient pu suffire, ce qui est compliqué c’est de demander aux enfants de revêtir une peau brune avec des tatouages qui sont dénués de sens.

En effet, au Pacifique, les tatouages ont un sens profond, c’est un peu comme un empreinte digitale, chaque personne a son propre tatouage. C’est aussi considérer comme tabou ou irrespectueux de porter les marques d’un peuple dont on n’est pas spirituellement connecté.

Il faut aussi comprendre que Maui est peut-être un héros de Disney pour certains, mais c’est avant tout pour beaucoup de gens du Pacifique un héros, un ancêtre, un demi-Dieu et un guide spirituel.

Partant de ces constats, il apparait alors très problématique que Disney fasse de l’argent sur le compte d’une culture qui n’est pas la sienne, et qui plus est a été opprimée, et c’est exactement ce qu’on appelle de l’appropriation culturelle.

Reste que la leçon semble avoir été retenue par Disney, qui, ce jour a finalement retiré ses déguisements de son site.