Il vivait au Sénégal pendant huit ans tout en touchant la CAF sans être repéré

Après huit ans à toucher les allocations de la CAF alors qu'il se trouvait au Sénégal, un allocataire a dû rendre des comptes à l'organisme.

Les fraudes à la CAF, souvent évoquées dans les médias, suscitent régulièrement des débats autour du système d’aides sociales en France. Un homme a récemment dû rendre des comptes après avoir touché des aides pendant huit ans alors qu’il vivait au Sénégal.

CAF : des fraudes de plus en plus courantes

Chaque année, la CAF distribue plus de 100 milliards d’euros à près de 13 millions de foyers. Dans ce contexte, des contrôles rigoureux sont menés pour détecter les erreurs, les oublis ou les fraudes délibérées.

En 2024, selon les chiffres de la CNAF, environ 48 000 fraudes avérées ont été identifiées. Pour un montant total estimé à plus de 300 millions d’euros.

Cela peut paraître élevé, mais ces cas ne représentent qu’une infime partie des aides versées — moins de 0,3 % du total. Dans la majorité des situations, il ne s’agit pas de véritables arnaques, mais d’erreurs de déclaration.

Un changement de situation familiale, un emploi retrouvé, ou une pension non signalée à temps. Ces oublis, même involontaires, peuvent conduire à des trop-perçus que la CAF réclame ensuite aux bénéficiaires.

Les fraudes délibérées, elles, concernent des actes volontaires. Fausses déclarations de revenus, non-déclaration d’un conjoint, adresse fictive ou encore usage de faux documents.

Grâce au croisement des données entre administrations (impôts, Pôle emploi, banques, etc.), la CAF dispose aujourd’hui de moyens technologiques puissants pour repérer les incohérences. Les contrôleurs vérifient les ressources, le logement ou la composition du foyer.

Un homme touchait des allocations alors qu’il vivait en Afrique

Les sanctions varient selon la gravité des faits. Remboursement des sommes indûment perçues, suspension des aides, pénalités financières, voire poursuites judiciaires en cas de fraude caractérisée.

Les condamnations peuvent aller jusqu’à 30 000 euros d’amende et deux ans de prison. Mais la CAF rappelle régulièrement que la fraude reste marginale par rapport au non-recours, c’est-à-dire à tous ceux qui ne demandent pas les aides auxquelles ils ont droit.

Récemment, Pierre, un Français parti vivre au Sénégal, a perçu pendant près de dix ans des aides de la CAF sans jamais être inquiété. Une fraude mise au jour alors que la Caisse d’Allocations Familiales intensifie sa lutte contre les abus.

Depuis Dakar, où il réside depuis plusieurs années, Pierre touchait chaque mois environ 500 euros d’aides sociales, en toute illégalité. Pourtant, la règle est claire. Pour bénéficier des prestations sociales françaises, il faut vivre en France au moins neuf mois par an.

Une condition que Pierre ne remplissait pas. Malgré cela, les versements ont continué. « C’était la belle vie », avait-il confié dans les colonnes de Melty.

Ce dernier a justifié son geste par le coût de la vie bien plus faible en Afrique. « Avec 200 ou 300 euros, tu vis très bien là-bas. Le salaire moyen, c’est 80 euros par mois », a-t-il fait savoir.

CAF : l’allocataire contrait de rembourser l’organisme chaque mois

L’affaire illustre l’ampleur du phénomène. En 2023, la CAF a estimé la fraude potentielle à près de 4,9 % du total des prestations, soit 3,9 milliards d’euros — une hausse de 39 % en un an.

Les aides les plus visées restent le RSA, la prime d’activité et les APL. Si la majorité des allocataires sont en règle, certains profitent encore des failles du système.

Aujourd’hui, Pierre doit rembourser l’argent perçu à tort. Une partie de sa dette se voit donc désormais prélevée chaque mois et de leur côté, les autorités ont renforcé les contrôles.

Meilleure coopération entre organismes sociaux, obligation d’utiliser un compte bancaire français pour certaines prestations et nouveaux outils technologiques pour vérifier la localisation des bénéficiaires. Le but est de réduire la fraude sur tout le territoire.