La science fiction influence ou prévoit parfois le futur, à l’image des récits de Jules Vernes, alors qu’en est-il des contenus de la saga universellement culte Star Wars ? A quel point cette fiction est-elle scientifiquement réaliste ? Le billet suivant, essentiellement inspiré du travail de l’astrophysicien Roland Lehoucq dans Faire des sciences avec Star Wars, aura de quoi intriguer les téléspectateurs avertis.

Bien que cette saga se déroule « il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine… » il est remarquable que bien des éléments de cette fiction ressemble au monde que nous connaissons. Dans un esprit de curiosité, il peut être intéressant de s’interroger à propos de certains contenus de l’univers des jedis afin de redescendre un peu sur Terre.

La Force

Dans l’épisode IV, La Guerre des étoiles,  sorti en 1977, Obi Wan Kenobi, interprété par Alec Guinness, définit la Force comme « un champ d’énergie crée par tous les être vivants. Il nous entoure et nous pénètre. Il lie la galaxie toute entière. »

Les mots « champs », « énergie »,  « galaxie » et « êtres vivants », empruntés au vocabulaire scientifique confèrent une impression de crédibilité à cette définition. Il y a pourtant de quoi s’interroger à propos de l’essence d’une puissance finalement mystique qui relirait les 100 milliards d’étoiles et le gaz qui composent la galaxie. Si l’on cherche une force dans notre univers cela serait la gravité. Mais alors comment expliquer les éclairs de l’Empereur Palpatine ?

Les armes

Le sabre laser

Un laser est une lumière monochromatique et unidirectionnelle, l’oeil ne peut donc percevoir que son point d’impact. De plus, les faisceaux ne pourraient pas se bloquer et s’entrechoquer lors des combats (imaginez-vous croiser deux faisceaux de lampe torche…). Enfin, comme le faisceau de lumière ne s’arrête pas, tout en étant chargé d’énergie, tous les décors seraient détruit lors des combats. Songez donc aux risques à bord d’un vaisseau spatial !

Dans l’épisode I, La Menace Fantôme, le jedi Qui Gon Jin, interprété par Liam Neeson, fait fondre une porte en acier d’environ 1 mètre d’épaisseur en 3 secondes avec son arme. Cela équivaut à 3 Giga Watts, soit l’équivalent de l’énergie fournie par 10 coeurs de centrales nucléaires en 3 secondes.

Le blaster

Comme indiqué dans leur nom, ces armes (blaster, tourelles, etc.) se composent de rayons, ou tirs, laser constitués de « lumière ». De la sorte, physiquement, un tir blaster devrait donc être instantané (puisque voyageant à la vitesse de la lumière) et invisible. A moins de se trouver dangereusement en face d’un laser, comme avec le laser d’un sniper.

La puissance de l’Etoile Noire

Pour détruire une planète, il faut dépenser une énergie suffisante pour compenser l’énergie gravitationnelle qui lie sa matière.

La puissance que doit fournir le générateur principal de l’Etoile Noire pour produire une telle énergie serait phénoménale : plusieurs millions de fois supérieure à la puissance lumineuse que rayonne le Soleil… La seule solution « raisonnable » au regard de la physique connue serait que l’Etoile Noire extraie son énergie d’un trou noir en rotation rapide. C’est dire à quel point les ingénieurs de l’Empire sont doués !

Les déplacements

L’antigravité

Vaisseaux spatiaux, voitures volante et landspeeders, comment lutter contre la force de gravité ? La théorie du physicien anglais Michael Faraday, l’induction électromagnétique, est une amorce de solution : d’une manière générale, on parle d’induction lorsque l’on constate un transfert d’énergie entre une source électrique et un objet en l’absence de tout contact physique. Ce phénomène est provoqué par l’exposition d’un matériau conducteur à un champ électromagnétique variable. Le souci, pour fonctionner dans le système de l’antigravité, est l’usage d’une manière qui se renferme sur elle-même. Laquelle ? Nous l’ignorons.

La vitesse subluminique

Vitesse inférieure à celle de la lumière, elle fonctionne avec propulseur ionique. Cette technique a été testée en vraie en 1998 et en 2003 par la NASA. Le souci principal de cette technique réside dans les poussées très faibles qu’elle émet. Elle se révèle totalement inapte à faire décoller une fusée. Ainsi, il est également impossible de manoeuvrer avec aisance pour effectuer les acrobaties que réalisent les chasseurs interstellaires de Star Wars.

L’hyperespace

Il s’agit d’une sorte de raccourci pour parcourir une distance fabuleuse en un temps réduit (aussi connue sous l’appellation « vitesse lumière »).

La dernière théorie en vogue pour rendre l’hyperespace crédible dans le réel est celle du tube du physicien russe Sergueï Krasnikov. Il s’agirait de construire un vaste réseau de tunnels dans l’espace. La construction serait longue car il faudrait préalablement creuser le réseau à vitesse limitée (subluminique). Autre difficulté : l’énergie nécessaire impliquerait d’utiliser une matière dite « exotique », encore jamais détectée. Cependant, il se pourrait que cette matière exotique existe en quantité aux confins de l’univers. Il est dans ce cas probable que les scientifiques dans Star Wars aient compris tant de choses sur la nature de l’espace qu’ils soient capables de manoeuvrer cette énergie.

L’univers

Pas de son

Le son est une onde mécanique, et nécessite, par conséquent, un support matériel : du gaz, du solide ou du liquide, qu’importe. Dans le vide, la densité trop faible de particules ne permet pas, non seulement de propager une onde sonore, mais ne serait-ce que de la créer. Cependant, pensez à ce que donnerait les scènes de batailles spatiales dans le silence !

Pas terrible, n’est-ce pas ?

Unicité de la gravité dans l’espace

Toutes les planètes dans Star Wars présentent la même gravité. Pas une fois les protagonistes ne sont confrontés à une gravité plus légère, qui les ferait sauter aussi légèrement que les astronautes sur la Lune, ou bien une plus forte, qui les ferait plier sous leur propre poids. Avec la multiplicité des planètes et l’immensité de l’espace, cette uniformité paraît invraisemblable.

Omniprésence de l’oxygène

Comme le point précédent, la diversité et l’immensité qui règnent dans l’espace nous porte à croire que divers modèles de vie pourraient exister dans l’univers. L’oxygène, indispensable aux êtres terrestres, pourrait ne pas l’être pour toutes les formes de vie interstellaires. Une biologie sous forme de gaz par exemple, ou une autre dépendante du CO2 ou de l’azote pour prospérer, sont envisageables. Or, jamais les personnages de Star Wars ne sont confrontés à ce genre de souci sur les planètes qu’ils côtoient, jamais on ne les voit porter un masque à oxygène en sortant de leur vaisseau.

Au terme de ces quelques analyses, il apparaît clair que la galaxie de Star Wars est véritablement lointaine, très lointaine… Il est donc à craindre qu’elle restera indéfiniment dans l’univers de la fiction, tout en continuant d’inspirer la science, comme en est parfois capable la science fiction.