Mohamed K. a témoigné avoir été également passé à tabac par le même policier qui agressé le jeune Théo. Cela se déroulait une semaine avant la violente interpellation et le viol de Théo par quatre policiers à Aulnay-sous-Bois.

Il témoigne dans cette vidéo :

Une enquête préliminaire a été ouverte ce mardi 14 février après de nouvelles accusations visant un des policiers mis en examen après l’interpellation de Théo. De nouvelles accusations qui proviennent de Mohamed K., un ami de Théo.

Le jeune homme de 22 ans a été aussi violenté par ces mêmes policiers. Il n’a pas tout de suite porté plainte parce qu’il venait de trouver du travail et ne voulait pas le perdre :

Je venais de trouver du travail et que je ne pouvais pas me permettre de risquer de le perdre

D’après son échange avec le journaliste de l’Obs, il se rendait aux Assedic pour régulariser sa situation après sa journée de travail et a aperçu un homme courir après un petit :

J’ai vu un petit de la cité courir, avec derrière lui un homme de grande taille, vêtu d’un manteau à capuche avec de la fourrure. L’individu ne portait pas de brassard. Il a fait une balayette au petit à cinq mètres de moi, je suis intervenu, j’ai demandé ce qui passait.

Et je vois sur mon chemin deux policiers, dont l’homme à la capuche. Ils me disent ‘viens là, toi aussi on va te fouiller’, j’ai répondu que je voulais juste aller acheter ma baguette et rentrer chez moi, mais ils ont insisté.

Une scène de violence qui a duré 30 à 40 minutes

Il veut rester à l’écart mais l’un des policiers le pousse vers l’entrée d’un bâtiment :

Ils me frappent, coups de pied, coups de poing au visage, dans le ventre, dans le dos, je saigne parce qu’ils m’ouvrent le crâne, je leur dis que je suis essoufflé, ils me traitent de ‘sale noir’, de ‘salope’, ils me crachent dessus.

« Barbe Rousse » (le même qui a pénétré Théo avec sa matraque) me cogne avec sa matraque. Un des policiers me braque à bout portant avec son Taser, et me dit ‘laisse-toi faire ou je te tase’.

Les agents me menottent, me balayent au sol, m’écrasent la tête, me donnent des coups de genoux dans les yeux, je voyais mon sang au sol, j’essayais de ramper. Ils m’ont de nouveau frappé, traité de ‘sale noir’ jusqu’à ce que je finisse au sol.

Mohamed explique qu’il a mal et ne comprend pas ce qu’il fait au commissariat :

J’avais du mal à respirer, et je ne comprenais pas ce que je faisais là.

Il sera ensuite placé en garde à vue pendant 24 heures pour « outrage et rébellion », sans comprendre ce qui lui était reproché. Il recevra un Doliprane par l’infirmière en garde et 3 jours d’ITT.

Le lendemain il avait les yeux « si gonflés par les coups reçus » qu’il n’y voyait plus rien.

Puis l’emmènent au service médico-judiciaire de l’hôpital Jean-Verdier à Bondy. « On me fait un bain de bouche, on m’essuie le sang, on me donne un Doliprane. Je supplie de ne pas retourner en garde à vue, une infirmière me soutient. Le médecin se tait. Et me dit seulement : ‘Je t’ai mis cinq jours d’ITT (interruption temporaire de travail), tu retournes au commissariat.' »

Les policiers à l’origine de l’interpellation de Mohamed K. ont porté plainte contre le jeune livreur. L’un des policiers a reçu 3 jours d’ITT, pour un doigt tordu.

La préfecture de police a annoncé ce 14 février avoir saisi l’IGPN afin d’ouvrir une enquête administrative.