Selon l'UFC-Que Choisir, les réseaux d'eau potable ne sont pas tous conformes

L'eau potable en France que l'on consomme en France est-elle réellement sans danger pour la santé ? L'UFC-Que Choisir a mené l'enquête.

L’eau potable en France est aujourd’hui l’un des services publics les plus contrôlés et les plus sûrs au monde. Cependant, selon UFC-Que Choisir, tous les réseaux ne sont pas conformes…

Comment sont contrôlés les réseaux d’eau potable en France ?

Prélevée majoritairement dans les nappes souterraines, l’eau potable fait l’objet d’analyses strictes tout au long de son parcours, depuis la ressource jusqu’au robinet. Ces contrôles, menés par les agences régionales de santé.

Cela garantit ainsi une qualité conforme à plus de soixante critères définis au niveau européen. Cela va de la présence de bactéries aux résidus chimiques.

Pourtant, derrière cette apparente sécurité, le système fait face à plusieurs défis. Le changement climatique fragilise certaines ressources locales, avec des épisodes de sécheresse plus fréquents et une recharge des nappes parfois insuffisante

Dans certaines zones rurales ou agricoles, des traces de pesticides, de nitrates ou de polluants émergents peuvent encore apparaître. Cela oblige donc les collectivités à renforcer les traitements ou à diversifier leurs sources d’approvisionnement.

Les infrastructures vieillissantes représentent un autre enjeu majeur. Une partie du réseau de distribution date de plusieurs décennies, entraînant des fuites qui font disparaître près d’un litre d’eau sur cinq avant même d’arriver chez l’usager.

Moderniser ces équipements demande des investissements importants, souvent difficiles à assumer pour les petites communes. Malgré cela, la France maintient un niveau de qualité élevé, grâce à une réglementation exigeante.

Des analyses qui font grincer des dents

Mais aussi à des technologies de traitement performantes. L’enjeu des années à venir sera de préserver cette excellence tout en adaptant le système aux pressions environnementales croissantes et à une demande en eau sensible aux variations climatiques.

Pour l’UFC-Que Choisir, c’est « la goutte de trop ». Après avoir étudié 30 millions d’analyses officielles issues des Agences régionales de santé entre 2023 et mi-2025, l’association révèle que seulement 85 % des réseaux d’eau potable respectent les normes en vigueur.

Un recul estimé à près de 10 % par rapport à 2021, que l’UFC attribue à la hausse spectaculaire des dépassements liés aux pesticides et à des contrôles insuffisants autour des zones agricoles. L’industrie et l’agriculture restent les principales sources de pollution.

Ces derniers sont responsables de 70 à 75 % des contaminations. Cette situation pénalise directement les ménages : bien qu’ils ne soient pas à l’origine de ces pollutions, ils en assument l’essentiel du coût.

L’association évalue à plus d’un milliard d’euros par an la facture supportée par les consommateurs pour dépolluer l’eau. Pour y remédier, l’UFC lance une campagne nationale.

Elles vise ainsi à rendre publiques les données de son étude et à pousser les pouvoirs publics à mieux protéger les ressources. Et à appliquer réellement le principe du pollueur-payeur. L’enjeu est national, mais certaines régions sont particulièrement touchées.

L’eau potable en péril dans certaines régions de France

Notamment les Hauts-de-France où l’intensité agricole se traduit par des concentrations record en pesticides. Dans l’Aisne, près de 78 % des réseaux dépasseraient les seuils réglementaires. Une tendance également observée dans le Pas-de-Calais, le Nord.

Mais aussi l’Oise ou la Somme. L’association note que, contrairement aux précédentes enquêtes, les dépassements ne concernent plus seulement les petites communes rurales. De grandes villes se voient désormais affectées.

Le Grand Est, la Normandie ou encore le Centre-Val de Loire souffrent, eux aussi, de contaminations importantes. À travers sa campagne « La goutte de trop », l’UFC-Que Choisir veut dénoncer la faiblesse de la protection des 32 900 points de captage du pays.

À peine 3 % disposent d’un périmètre où l’usage de pesticides et d’engrais doit se réduire. Pour alerter le public, l’association et ses partenaires mèneront ce mardi une action symbolique à Paris, en distribuant de fausses factures pour illustrer le coût réel de la dépollution supporté par les citoyens.