Livret A: ce que fait vraiment le gouvernement avec votre argent

Le Livret A est un outil d'épargne qui permet d'y voir plus clair dans ses finances. Mais où va l'argent que les Français placent ?

En 2025, le Livret A demeure un pilier de l’épargne populaire en France, bien que son attractivité ait été affectée par des ajustements de taux récents. Mais alors, où va réellement l’argent que vous placez dessus ?

Livret A : un taux d’intérêt en nette baisse

Depuis le 1er février 2025, le taux d’intérêt du Livret A a été abaissé à 2,4 %, contre 3 % précédemment. Cette décision, prise par le ministère de l’Économie sur recommandation de la Banque de France, reflète la baisse de l’inflation.

Et des taux interbancaires observés au second semestre 2024. Le taux est recalculé semestriellement, en février et en août, selon une formule prenant en compte l’inflation et les taux du marché monétaire.

De plus, le Livret A reste exonéré d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux. Avec un plafond de dépôts fixé à 22 950 euros pour les particuliers.

Les fonds collectés, qui atteignaient 444,2 milliards d’euros fin mars 2025, sont centralisés par la Caisse des Dépôts. Pour financer des projets d’intérêt général tels que le logement social et les infrastructures durables.

Malgré sa sécurité et sa liquidité, le rendement réel du Livret A peut s’avérer modeste sur le long terme. Un exemple marquant est celui d’un épargnant ayant déposé 10 euros en 2005 et constaté un solde de seulement 13,70 euros en 2025.

Soit un gain de 3,70 euros en 20 ans. Face à la baisse des taux, certains épargnants se tournent vers des alternatives comme le Livret d’Épargne Populaire (LEP), offrant un taux de 3,5 % depuis février 2025.

Des diversités de placement, mais où va votre argent ?

Certains se tournent vers des placements plus dynamiques tels que l’assurance-vie en unités de compte. Ou les plans d’épargne en actions.

Néanmoins, le Livret A conserve sa pertinence pour une épargne de précaution, grâce à sa disponibilité immédiate. Et à l’absence de fiscalité.

Dans un reportage Livret A, assurance-vie : où va notre argent ? diffusé sur France 5, le 26 mai, Hugo Clément s’est intéressé de près à ce dernier. Et il a découvert un système opaque, dans lequel même la Caisse des Dépôts refuse de détailler ses investissements.

Pourtant, une partie de l’argent se dit bien placée en actions et obligations de grandes entreprises. Après trois ans d’enquête, le journaliste a levé une partie du voile : en octobre 2024, la Caisse détenait plus d’un milliard d’euros d’actions de Saint-Gobain.

Elle tire aussi des revenus de forêts, notamment via la vente de bois… et la chasse à courre. Une pratique archaïque et controversée, où le gibier se voit poursuivi jusqu’à l’épuisement par des cavaliers et leurs chiens.

Les droits de chasse, eux, tombent dans les caisses de l’État. À l’heure où les banques françaises promettent ainsi depuis la COP21 d’en sortir, nous avons remonté les flux d’argent.

Résultat : cinq grandes banques dont la BNP, la Société Générale, le Crédit Agricole. Et la Banque Populaire/Caisse d’épargne financent toujours l’entreprise qui exploite la plus grande mine de charbon d’Allemagne.

Heureusement, la mobilisation peut porter ses fruits. Hugo Clément a suivi Peter Bosip, un militant papou opposé à un projet gazier destructeur dans son pays. Il est venu jusqu’à Paris pour rencontrer les dirigeants du Crédit Agricole, impliqués dans le financement du projet.

Livret A, LLDS… Hugo Clément enquête sur vos placements

Grâce à la pression médiatique et à sa détermination, la banque s’est finalement retirée. L’argent collecté se voit également géré par la Caisse des Dépôts, mais son usage reste largement invisible.

Hugo Clément a rencontré un militant opposé à un projet industriel de Saint-Gobain… qui a découvert, grâce à son enquête, qu’il finançait malgré lui l’entreprise qu’il combat. Bruno Le Maire, alors ministre de l’Économie, l’avait reconnu en 2022 sur France Inter.

Le livret de développement durable « n’a de durable et de solidaire que le nom ». L’opacité atteint son paroxysme dans l’assurance-vie. Impossible pour un épargnant de savoir précisément où se voit placer son argent.

Il transite par une cascade de fonds, souvent opaques, qui peuvent financer… des cuves de pétrole en Île-de-France. Un épargnant, pourtant engagé dans une démarche responsable, a ainsi découvert que son placement soutenait ainsi ExxonMobil et TotalEnergies.

Depuis janvier 2025, les fonds labellisés « ISR » (investissement socialement responsable) ne peuvent plus financer les énergies fossiles. Face à cette exigence, une assurance-vie gérée par Amundi, filiale du Crédit Agricole, a préféré renoncer discrètement au label plutôt que changer sa stratégie. D

Des lanceurs d’alerte et des acteurs engagés se battent pour changer la donne. Ariel Le Bourdonnec, ancien salarié d’un grand assureur, a ainsi quitté la finance pour rejoindre Reclaim Finance et militer pour une finance plus responsable, par exemple.