De récentes recherches menées au Royaume-Uni ont révélé que la meilleure manière d’améliorer les relations entre robots et humains serait de les rendre faillibles. C’est bien connu, l’erreur est humaine, il est donc logique que cette caractéristique appliquée aux robots humanoïdes facilite leurs relations et interactions avec des personnes bien réelles.

Nous vous avions présenté cet improbable mariage entre robots célébré au Japon et l’émission Battlebots où les robots s’entretuent, nous nous intéressons aujourd’hui à une avancée importante dans le domaine de la robotique.

L’erreur est humaine… et robotique

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Vous en avez probablement fait l’expérience, les gens « trop parfaits » divisent. Admirés, jalousés ou détestés, ils font rarement l’unanimité. C’est en partant de ce constat que les chercheurs de l’Université de Lincoln ont déterminé que les humains seraient moins enclins à travailler en harmonie ou à établir des liens forts avec des robots programmés pour être « trop parfaits ».

Aujourd’hui, les robots compagnons sont de plus en plus utilisés pour aider les personnages âgées et les personnes atteintes d’autisme (comme le syndrome d’Asperger) ou de troubles affectifs. En programmant des robots infaillibles, les recherches ont révélé que des obstacles pourraient s’installer dans une relation robot-humain à long terme.

Dirigée par plusieurs experts en robotique de l’Université de Lincoln au Royaume-Uni, l’étude a révélé qu’une personne était beaucoup plus susceptible d’établir des liens forts avec un robot interactif lorsque celui-ci était programmé pour commettre de petites erreurs de jugement et d’interprétation, comme le ferait n’importe quel être humain. Ces petites erreurs faciliteraient ainsi leur relation, et seraient complétées par d’autres petites imperfections rendant l’automate encore plus humain.

Cette étude a été menée par le chercheur Mriganka Biswas et supervisée par le Docteur John Murray de l’Université de Lincoln. Leurs conclusions ont été présentées lors de la « International Conference on Intelligent Robots and Systems » (IROS) s’étant déroulée dans la ville d’Hambourg au début du mois d’octobre.

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En voici un extrait :

« Notre étude a pour but d’explorer les différentes possibilités disponibles afin de rendre le comportement d’un robot plus familier et naturel au yeux d’un humain. En proposant un androïde doté d’imperfections comme les erreurs de jugement ou les hypothèses erronées et capable d’exprimer la fatigue, l’ennui ou la surexcitation, nous le rendons plus humain. »

« En développant ces petites imperfections et en rendant les robots aussi imparfaits que nous pouvons l’être, nous avons montré que ces failles peuvent faciliter les relations entre humains et robots. Un homme sera plus enclin à interagir et à tisser des liens avec un androïde faillible. »

Actuellement, les interactions possibles entre humain et robot sont basées sur un ensemble de règles et de comportements très stricts et ordonnés. Les chercheurs de l’Université de Lincoln ont utilisé une toute nouvelle technique afin de les rendre faillibles. Ils ont doté les automates d’une mémoire « erronée » leur permettant d’exprimer de l’empathie et de commettre des erreurs mineures de jugement.

Erwin et Keepon, des robots capables d’exprimer leur émotions

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Deux robots ont été développés dans cette optique : le robot ERWIN capable d’exprimer 5 émotions « de base », ainsi que le robot KEEPON, petit androïde de couleur jaune étudiant le développement social des enfants en interagissant avec eux.

Les chercheurs ont étudié un certain nombre d’interactions entre robot et humain. Durant la majeure partie de celles-ci, les robots ne commettaient pas d’erreurs, mais le reste du temps, Erwin connaissait des petites erreurs de mémorisation (certains de ses souvenirs ne sont pas toujours exacts) et il utilisait toute une palette d’expressions afin d’exprimer ce qu’il ressentait. Keepon, quant à lui, était capable d’exprimer de la joie ou de la tristesse en utilisant divers mouvements et signaux sonores.

Nous vous avions aussi présenté Pepper, un robot capable d’exprimer ses émotions.

Biswas et Murray ont ensuite demandé aux personnes ayant participé à cette expérience novatrice d’exprimer leur ressenti, et les résultats ont révélé que les personnes préféraient interagir avec des robots faisant des erreurs.

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Biswas a déclaré :

« Rendre les robots faillibles est la meilleure manière de les rendre plus humains. »

« Nous avons étudié la façon dont les participants percevaient cela, et nous avons pu constater que les humains accordaient une attention plus durable aux robots lorsque ceux-ci faisaient des erreurs qu’eux-même auraient pu faire. Leur capacité à pouvoir exprimer leur émotions les plus extrêmes comme le ferait tout être humain est aussi un facteur important. »

« Notre perception de ce qu’est ou devrait être un robot est souvent affectée par la science-fiction. Il y a cependant une énorme différence entre l’image de ces robots nous étant de loin supérieurs et les robots interactifs que nous cherchons à développer. Un robot compagnon doit se montrer amical, être capable d’identifier les émotions et les besoins de l’utilisateur et évidemment être capable d’agir en conséquence. »

« Lors de nos précédentes études, nous avons découvert que ce qui manquait réellement aux robots, c’était la caractéristique la plus indissociable de l’humain, l’erreur. Auriez-vous réellement envie d’interagir avec un androïde parfait et infaillible ? »

« Si les robots disposent d’imperfections similaires aux nôtres lors de leurs interactions, alors nous pouvons affirmer que les relations robots-humains pourront se développer sur le long terme. »

Les résultats positifs de cette étude ouvrent donc la voie à une nouvelle phase de recherche pour le docteur Mriganka Biswas. Celle-ci aura pour but de déterminer si l’utilisation de robots faillibles disposant d’une apparence physique plus humaine rendra les relations robots-humains encore plus fortes.

Marc, un nouveau projet de robot humanoïde

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Actuellement, Biswas travaille sur un robot compagnon baptisé MARC (Multi Actuated Robotic Companion). Un robot humanoïde développé par le Docteur Murray et imprimé en 3D comme c’est le cas pour ce pont à Amsterdam ou ce musée à Dubai. La conception de MARC fait partie d’un projet open-source nommé InMoov.

Des recherches antérieures suggèrent que l’apparition de robots humanoïdes facilitent grandement la compréhension entre ceux-ci et leurs utilisateurs. Les mouvements des mains, le langage corporel et la parole sont autant d’éléments importants lorsqu’il s’agit de se faire comprendre facilement. Cela s’explique par le fait que ces langages sont utilisés par tout être humain depuis l’enfance.

Mriganka Biswas cherche à définir si ces caractéristiques couplées à la faillibilité des robots permettent d’obtenir des réactions encore plus positives de la part de leurs utilisateurs humains.

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